Vava et ses histoires

Des histoires sur l'amour et la vie, que je pourrais te raconter autour d'une bière.

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Par Lauréna Valette
5 oct. · 4 mn à lire
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Un jour, ton ex se mariera et tu sais quoi ? Tant mieux

ou la vie, qui suit son cours et c'est très bien ainsi.

Quelques fois, avec mes amies, on sourit des similitudes que peut avoir ma vie avec une série Netflix ou une comédie romantique. Il est vrai, qu'elle tend à y ressembler. Je vis dans une colocation comme dans New Girl, Friends ou je ne sais quelle sitcom, où on se retrouve au beau milieu de la nuit pour se raconter nos soirées, on organise de grands apéros et les voisins apparaissent, non pas pour se plaindre du bruit, mais pour trinquer. Je marche à travers la ville, les écouteurs dans les oreilles, le soleil illuminant ma route, et il m’arrive d’imaginer que je suis le personnage principal d’une série qui suivrait une presque trentenaire, à la recherche de je-ne-sais-quoi, expatriée au Canada. De nouvelles idylles apparaissent, des rencontres improbables d’une amie qui te présente quelqu’un alors qu’elle se trouve à un océan d’écart, des meet cute – comme on les appelle dans les films – sous les guirlandes lumineuses d’un festival de musique ou encore autour d’une bière au petit matin. Des airs de film qui me font bien rire, même si la vie, fidèle à elle-même, ne manque pas de me rappeler que le seul scénariste ici, c’est moi. Et ce film-là ne dure pas 1h43 sans le générique (tant mieux) et personne ne peut prédire la tournure qu’il prendra, ni comment il se finira (dans très longtemps, j’espère). 

Ça n’aura étonné personne, mais je suis une femme à comédies romantiques. Pendant de longues années, je les consommais, encore et encore, engloutissant des minutes et des minutes de films roses, de scénarios niais. La femme, toujours très belle, très drôle, très comme il faut. Elle tombait toujours amoureuse d’un homme très beau, très riche, très comme il faut. Des histoires d’amour qui font battre le cœur plus fort, donnent des idées de récits à s'imaginer avant de s’endormir. Ces comédies romantiques faisaient rêver celle qui à 16 ans voulait absolument être l’amoureuse de quelqu’un. Celle de 27 ans a pris ses distances de ce genre cinématographique, ayant conscience que comme le chantait Catherine Ringer, les histoires d’amour finissent mal en général. Même si, heureusement pour les cœurs d'artichaut, il ne faut pas faire de généralités.

Je pense souvent à Bridget Jones. Je me souviens de la première fois où j’ai découvert ce film iconique avec Renée Zellweger. Je me rappelle également de ma première vraie peine de cœur, lorsque je l’ai visionné, enveloppé dans ma couette, dans mon lit une place de ma chambre universitaire, au milieu des mouchoirs remplis de morve. Il y a cette scène iconique dans laquelle Bridget court sous la neige. Dans le film, elle a la trentaine, est célibataire, et a pour objectif de vie de rencontrer l’amour. Déjà lorsque j’étais presque une ado, ce long-métrage montrait qu’une femme de trente ans qui n’a pas un partenaire amoureux, n'est que tristesse. Elle est à deux doigts de devenir alcoolique, court après l’amour sans prêter gare aux red flags et à tout ce qui ne va pas. Et surtout, elle ne se satisfait pas d'elle-même. 

Nombreuses sont les comédies romantiques qui appuient cela : on n’est pas complète lorsque l’on n’est pas en couple. Dur de grandir avec cette image. Dans les films, on m’a aussi montré que le bonheur des autres n’existait pas. La compersion disparaît des scénarios. Se réjouir du bonheur de son ex ? Jamais. Rager parce qu’il refait sa vie, qu’il rencontre quelqu’un, adopte un chien, se marie ? Toujours. Mais dans les faits ? 

Dans les faits, un jour, ton ex se marie

En tout cas, ça peut arriver. Peut-être pas toujours, le point de vue sur le mariage est propre à chacun. Il y a ceux qui rêvent de se passer la bague au doigt, de marcher le long de l’allée, de s’échanger des vœux. Et les autres. Je ne sais pas trop quel est mon avis sur la question, je crois que malgré ma consommation excessive de films romantiques, le “un mariage sur deux finit en divorce” et le fait d'être une enfant de divorcés, pèsent un sacré poids dans la balance. Pourtant, il arrive ce jour où l’ex refait sa vie, vraiment. Et toi ? 

J’ai annoncé “Moi, j’ai bientôt trente ans, pas de mec, pas de job fixe, pas de plan de vie”. Malgré le bonheur que je ressens chaque jour d'avoir choisi une vie qui me correspond, malgré tout le travail que j'ai pu faire sur moi, ma petite tête, mon rapport à l'amour, c’est la première pensée qui m’a traversé l’esprit. C’est la pensée qu’aurait eue Bridget Jones. C'est la pensée qu'une vie de comédies romantiques a construite (in)consciemment. Si ma vie était un film, un vrai, les scénaristes auraient certainement imaginé une scène comme celle-ci : 

EXT. BAR - NUIT

Lauréna quitte le bar. Elle laisse ses amis en terrasse, sa bière n’est pas terminée. Elle semble bouleversée. Elle traverse la rue, ses yeux se brouillent de larmes. Elle marche le long de l’avenue, on la voit rentrer dans un dépanneur. Elle ressort avec une bouteille de vin premier prix. Marche pieds nus, ses talons à la main, elle peine à garder l'équilibre le long du trottoir. Elle s'arrête, s'affale sur un banc public. Là, elle commence à boire la bouteille. Elle insulte les passants et pleure fort face à la situation. 


Tous ces personnages de comédies romantiques qui vident des boîtes de mouchoirs en repensant à leurs précédents amours, auraient pu faire ça. Elles auraient pu jouer cela à l'écran. Et la moi de 14 ans, amoureuse de l'amour, aurait regardé sa télévision en pensant, "c'est comme ça qu'une femme réagit en apprenant que son ancien partenaire refait sa vie". Mais heureusement, ma vie n’est pas une comédie romantique. Aucun scénariste n'a imaginé une scène aussi dramatique. Je n’ai jamais eu à courir après un homme en culotte sous la neige, et la très grande différence, entre Bridget et moi, c'est que je suis bien dans mes baskets. Tout ira très bien aujourd'hui, comme après trente ans, avec ou sans mari. 

C'est le cours de la vie, on avance. À notre rythme, chacun le sien, mais on avance. 

Faut-il, de temps à autre, aller stalker le profil Instagram et Facebook de son ex pour répondre aux questions : que devient-il ? A-t-il un enfant ? S’est-il marié ? A-t-il adopté un chien ? Un chat ? Où vit-il ? Ou, faut-il enterrer la personne dans la boîte de “la vie d’avant”, et ne jamais chercher à répondre à ces questions ? Je n'ai pas la réponse. Chacun vit avec ses souvenirs. Mais un jour, tu tomberas peut-être sur ces informations-là, et peut-être que ta réaction en dira beaucoup. 

Aucune jalousie. Aucune envie. Aucune haine. Aucune peine. La vie suit son cours

Mon ex s’est marié, et c’est tant mieux. Moi en cet automne 2023, je n’en ai aucune envie. Aucune envie d’enfiler une robe blanche et de m’avancer le long de l’allée. De jurer fidélité, amour, dans les bons et les mauvais moments, à quelqu’un. Par contre, j’ai très envie d’aller passer l’hiver au Mexique et de me baigner dans des eaux chaudes. J’ai envie d’organiser une grande fête pour Halloween, de faire des grands repas chez moi, de parcourir le Canada, de trouver un emploi qui me plaira, de faire du ski et de marcher sous la neige en plein hiver. J’ai envie de voyager, de rencontrer du monde, d’avoir le cœur qui bat très fort avant d’aller à un date, de vivre des nuits un peu folle, et des journées toujours plus remplies, d’embrasser la vie et de suivre ma route. Loin de ce que les comédies romantiques m’ont appris, loin du bel homme bien comme il faut, qui vient te surprendre à ton bureau avec un bouquet de fleurs, loin des déclarations d'amour faites sur des pancartes. Parce que de toute manière, aucun homme dehors, ne saurait me déclarer son amour comme moi, je me le déclare au quotidien. En m’écoutant, en m’offrant une vie qui correspond à mes envies, mes attentes, mes objectifs, mes rêves. 

Mon ex s’est marié et je suis contente pour lui. La vie, c'est comme ça. Tu rencontres quelqu’un, tu tombes amoureuse. Tu vis des beaux instants, des moins beaux, tu grandis à deux pendant un petit ou un long moment. Il y a des matins doux, mais il y a aussi des soirs tristes. Quelques fois, tu restes sans trop savoir pourquoi. D’autres fois, tu as le courage de partir avant que tout tourne mal. Chacun à son rythme. Un jour, il passe d’amoureux à ancien petit ami. Et puis, chacun tourne la page. Rencontre une, deux, trois, je ne sais combien d’autres personnes avec qui partager un bout de vie. Des personnes avec lesquelles grandir, se (re)découvrir, aimer un peu, beaucoup, passionnément. Peut-être pour une nuit, un mois, six mois, ou plus. Avec une bague au doigt, dans un costume. Ou peut-être pas. On grandit, on change, on fait sa vie. 

Et tu sais quoi ? Tant mieux

Je crois que c’est aussi ça, grandir : se réjouir du bonheur de ceux qui ont partagé nos vies. Se dire “tant mieux” et continuer sa vie à soi, qui garantit des explosions de joie, des beaux moments et des événements, dignes des séries TV. 

Bisous,
Lauréna


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