Vava et ses histoires

Des histoires sur l'amour et la vie, que je pourrais te raconter autour d'une bière.

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Par Lauréna Valette
15 mai · 4 mn à lire
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Montréal #2 : les couchers de soleil sont-ils plus beaux ici ? 

ou le deuxième épisode de mon carnet de bord dédié à mon expatriation à Montréal.

Ce dimanche matin, je pensais à mon appartement parisien. Je me revoyais assise dans le canapé rose, les rayons du soleil traversaient la fenêtre. Celle-ci, ouverte, laissait entendre le son du musicien de rue, qui passait quelques fois durant le printemps, jouant La Vie en Rose avec sa trompette. Le café versait dans ma tasse bleue, qui réchauffait chaque jour mes mains. L’appartement, ses plantes qui grandissent trop vite, ses fleurs séchées ici et là et toutes les photos sur lesquelles poser son regard. J’ai hâte de pouvoir accrocher des photos aux murs de ma chambre. 

Voilà deux mois que je suis ici. Les innombrables “mais qu’est-ce que je fais là” qui surgissaient lors des premiers matins, ont laissé place à une certaine forme d’apaisement. Je trouve mes marques, petit à petit, et j’apprécie la ville et ce qu’elle a à offrir. 

Est-ce que le retour des beaux jours y est pour quelque chose ? Évidemment. Comme dirait ma mère “On est des sudistes, on a besoin de chaleur et de soleil”. En ce deuxième mois, la ville s’est métamorphosée. Les branches des arbres, gelées par la pluie verglaçante, ont laissé place à des feuilles toutes plus vertes les unes que les autres. J’ai l’impression que les tulipes sont apparues du jour au lendemain. Un matin, en sortant pour me rendre dans mon café chouchou, les ruelles étaient complètement colorées. Il n’y a pas de transition à Montréal et ça se voit.

Les parcs sont remplis, tout le temps. Toutes les excuses sont bonnes pour aller s’allonger sur l’herbe et profiter des rayons du soleil. C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, en ce 14 mai. Le 14 mars, j’arrivais sous la neige et je me couchais épuisée mentalement et physiquement. Aujourd’hui, j’ai repris une habitude que j’avais à Paris, lors des derniers printemps. Je me suis allongée sur l’herbe, un café et un livre, et j’ai laissé le temps filer. J’ai pris le temps. 

Prendre le temps, c’était ma résolution de l’année. Pourtant, ce dernier mois, j’ai la sensation d’avoir couru dans tous les sens. Peut-être que ce n’était pas Paris, qui était trop active, épuisante, inarrêtable, mais bel et bien moi. Finalement, ce n’est pas tant la ville qui me pousse à en faire toujours trop, mais simplement moi, qui ne sais pas m’arrêter. 

Mes amis sont venus. D’abord Marilou, qui m’a permis de découvrir la ville à travers ses yeux. Et qu’est-ce qu’elle m’a séduite lorsqu’on se baladait dans le Vieux Montréal, que l’on buvait un café glacé en marchant et en parlant de nos envies, de nos projets, de nos rêves. Quelle chance, d’avoir des amis qui traversent l’Atlantique pour te retrouver, j’en ai conscience. Ensuite, ce sont mes amis de toujours qui ont pris des vacances ici. Ceux avec lesquels j’ai grandi. Du collège à aujourd’hui, nos routes se sont croisées, on s’est soutenu, accompagné. Et lorsque je suis rentrée dans ce bar karaoké et que je les ai vus sur scène, j’ai voulu garder cette image pour toujours. Quatre amis de la vie, interprétant Turn Around, de Bonnie Tyler. Un spectacle qui vient réchauffer le cœur. Peu importe les chemins, j’ai la conviction, que certaines histoires dureront toute la vie

Deux mois sans voir le sud. Finalement, j’accepte plutôt bien le fait de n’être plus là et de rater des choses. Je ne ressens aucun FOMO (fear of missing out), alors que j’étais persuadée, il y a quelques mois, que j’aurais la gorge nouée à chaque story d’événement où je ne suis pas. En février, ma psy m’avait dit “vous vivez pour vous, pas pour les autres”. J’ai donc eu besoin de m’installer ailleurs pour finalement le comprendre : je vis pour moi

Comment j’ai envie que cette vie soit ? Si je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’écrire durant les trente derniers jours, j’ai pensé à cette question. À vélo à travers les rues de Montréal, au soleil en terrasse de café, à la fin d’un cours de yoga ou quand je courrais dans le parc Jarry (car oui, je me suis aussi remise à courir). Tout est en mouvement constant, et écrire aujourd’hui comment je veux que ma vie soit, c’est prendre le risque de changer d’avis demain, le mois prochain, dans un an. Mais à l’heure actuelle où je pose ces mots sur mon clavier, j’ai envie de ça : de voir, de sentir, d’éprouver, de me reconnecter

J’ai envie de voir de nouveaux lieux, du lac d’à côté à la plage d’un autre pays. Voir ce que les environs ont à offrir et à capturer, en images, physiques comme mentales, ce que cela m’évoque. D’un karaoké dans un bar qui s’appelle Le Normandie (dans lequel mes amis ont chanté Le Sud de Nino Ferrer, on ne se refait pas) aux animaux mignons que l’on retrouve dans les parcs. Admirer la ville, le pays, et les autres, ceux dans lesquels je vais forcément me rendre, parce que je n’ai pas l’intention de m’arrêter

J’ai envie de sentir : la chaleur sur ma peau, l’odeur des fleurs dans les arbres, le vent qui me pousse à rentrer me reposer. Le froid pas tellement, mais c’est pourtant incontournable par ici. 

Éprouver des émotions, de la joie lors des retrouvailles, comme de la tristesse quand je dépose mes amis à l’aéroport. Les voir partir, le cœur serré, en essayant de ne pas penser au fait que je ne sais pas quand je les reverrais. Fut une période où un trajet de métro nous séparait, aujourd’hui la patience seulement, nous permettra de nous retrouver, bientôt, pour vivre de nouvelles aventures. Éprouver de la satisfaction, en mangeant une glace avec Manon dans un parc, ici après avoir fait les 400 coups à des milliers de kilomètres de là, au collège Alfred Crouzet. Repenser à nos rêves de collégiennes, et sourire, fières comme tout. Parce qu’on a réussi, on s’est mené sur une route, qui nous plaît plutôt bien. 

Et finalement, se reconnecter. À ses rêves, ses ambitions, ce que l’on veut réellement. Partir, c’est aussi ça, faire face à un océan des possibles. Que choisis-tu ma bonne-dame ? Que veux-tu vraiment ? Quand j’annonce que je suis freelance, c’est toujours le même discours “quelle chance”. Ah ça oui, on ne va pas se mentir, pouvoir travailler de n’importe où, ne pas avoir de compte à rendre à un patron, c’est une véritable chance. J’essaie, autant que je peux, de montrer l’autre côté du miroir : les clients qui te ghostent et qui ne te paient pas, les jours fériés plus si fériés que ça, les nuits d’insomnie avec la question “est-ce que j’aurais suffisamment d’argent/de client pour vivre ?”. Et pourtant, la volonté et l’envie folle de continuer. C’était un mois riche en missions, en horaires bien trop longues, mais en sujets tellement intéressants. 

Après notre glace, on a remonté la rue Faillon avec Manon. Le soleil commençait à décliner. Au fond des ruelles aux arbres verts, on voyait ses rayons colorer le ciel. Elle m’a soufflé “les couchers de soleil sont les plus beaux à Montréal”. Le sont-ils réellement ? Depuis la butte Montmartre, ils étaient fabuleux. Sur la plage de Crystal Bay à Bali, le coucher de soleil m’a coupé le souffle. Dans le sud, depuis l’arrière de la voiture en hiver, celui qu’on a observé entre copains une bière à la main depuis la Dune du Pilat, ou encore ceux que je voyais à travers la fenêtre du train Paris-Béziers… Alors ici, qu’en est-il ? Le ciel se teinte d’orange, de rose ou de rouge, les bâtiments ne sont pas hauts, donc le spectacle est admirable de presque partout. Et finalement, la ville, avec son ciel de feu, te fait vite oublier qu’un mois et demi plus tôt, la neige recouvrait ses trottoirs.

Je ne sais pas s’ils sont plus beaux ici qu’ailleurs. Mais définitivement, ils rejoignent le top 3. Percevoir ce tableau, voir le soleil disparaître, la journée s’éteindre, après une glace au bord de la fontaine et un mois à vivre chaque jour, en se disant que c’est plutôt fou, tous ces choix de vie qui m’ont mené là. C’est plutôt fou, mais surtout très agréable, de vivre ce nouveau chapitre.

Bisous,
Lauréna


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