ou ma résolution pour la nouvelle année.
55 secondes d’image défilent sous mes yeux. 166 mini-vidéos qui ont été assemblées par une application, pour condenser les 365 jours qui viennent de s’écouler. Moi aussi, j’ai fait mon récap de l’année 2022. Je sais très bien que ce genre de vidéo n’intéresse que cinq personnes parmi mes abonnés Instagram, certainement les cinq personnes qu’on voit le plus dans celles-ci. Pourtant, c’est un rituel auquel j’ai du mal à déroger, notamment par la joie que ces 55 secondes me procurent. Là, alors que je viens de faire son montage, comme dans six mois, je ressentirai toujours la même chose : une chaleur s’empare de ma poitrine et à mesure que les images se jouent sous mes yeux, je revis toutes les scènes.
Je brunche avec mes amis de toujours, je suis sur une plage à La Réunion ou à Bali, sur un télésiège, en route pour Marseille, dans un tram à Milan, je danse à Stockholm puis à Budapest. Je vois des tortues, des dauphins, des wallabies. J'assiste à tout un tas de concerts, je prends le train, je vois la tour Eiffel. Un nouveau tatouage, un tiramisu d'anniversaire, le ciel qui se couche encore et encore et surtout, les amies. Toutes ces jolies femmes qui ont coloré mon année.
Quand on regarde toutes ces belles images, tous ces sourires, je sais très bien que l’on peut se dire que tout était parfait. Une année époustouflante, une vie incroyable. C’est en tout cas ce que je peux croire en observant les vidéos récap des personnes que je suis sur Instagram. Cependant, je pense que c’est important de se rappeler, que dans ces 55 secondes, on ne met que les bons moments. On ne met pas les palpitations, le stress, les larmes, les cœurs brisés, les crises d’angoisse, la boule au ventre.
Je termine 2022 sur les rotules. Aussi bien physiquement, qu’émotionnellement. Je suis vidée. Il y a quelques semaines, ma cousine m’a écrit quelque chose comme "c’est normal que ça fasse beaucoup, démissionner, se lancer en freelance, déménager, changer de continent, tu ne t'es pas mis un petit challenge pour 2023" et en lisant ses mots, j’ai compris que c'est vrai. À trop jouer les strong independant woman capable de tout, je perds de vue que cette année 2022, je me suis installée à l’avant du wagon des montagnes russes et je n’ai pas réellement laissé mon corps et mon esprit, souffler.
L’année se termine et ces derniers jours, je ne savais pas trop : sur quoi écrire, ce que je ressentais, comment je me sentais. Je continue de flotter dans cette salle d’attente, j’attends le moment où la dame de l’aéroport invitera les passagers à embarquer pour le vol en direction de Montréal. J’attends qu’on me prenne la main pour m’amener dans ce nouveau pays, où je tenterai de me créer une routine, un nouveau quotidien. On sait ce qu’on perd, mais on ne sait jamais ce qu’on gagne, même si le risque en vaut la peine.
J'ai misé sur le self-care en 2022, mais comme toujours, c'était nuancé. J’ai passé de longs mois à ne m’intéresser qu’à moi et à me faire passer en priorité. Seulement, une fois encore, j’ai débuté l’année en chouinant parce que je me faisais ghoster par mon date Tinder et je la termine avec le cœur toujours un peu en tumulte. Je vais finir par croire que c’est inévitable : aucune année ne passera, sans que mes relations avec les hommes ne me tourmentent. Pourtant j’en lis des livres et j’en écoute des podcasts, sur l’amour, les relations et tout le tralala.
J’ai aussi voulu me prouver deux trois trucs. Que j’étais capable de vivre seule, sans ma meilleure amie à 5 minutes de chez moi pour venir me sauver dès que je me sens mal, que je pouvais faire des rencontres, voyager seule. Oui, je suppose que j’avais besoin de me prouver, que je peux m’en sortir par moi-même. Verdict : c’est le cas, mais qu’est-ce que c’est reposant de pouvoir compter sur les autres.
En y réfléchissant de plus près, on vit des choses épuisantes tout au long de l’année, sous couvert de "c’est la vie, c’est comme ça". Par exemple, trois de mes collègues, qui faisaient partie de mon équipe, qui sont devenues des amies, ont démissionné. J’ai alors dû m’acclimater à un nouvel environnement, me rendre chaque jour dans un bureau en sachant qu’elles ne seraient pas là. On peut penser ce qu’on veut du travail, mais les longues heures que l’on passe dans un open space sont bien plus supportables lorsque l’on est entouré de belles personnes (et drôles, ça aussi ça a son importance). Les départs professionnels, s’ils n’ont rien d’inhabituels, viennent perturber une routine intérieure. On s’habitue à la présence de l’autre et son absence, qu’on le veuille ou non, n’est pas tous les jours facile à gérer.
J’aurais pu me douter, dès le mois de février, que le thème de mon année serait "mettre ses deux pieds hors de sa zone de confort et ne pas y retourner". En plein hiver, je suis allée voir le spectacle d’un mec avec qui j’avais échangé 10 messages privés sur Instagram, parce qu’il m’avait invité et que je pensais qu’il y avait anguille sous roche. Suite à cette heure de one man show, je me suis retrouvée à boire une bière avec ses amis, ses cousines et d’autres meufs (j’apprendrai plus tard qu’elles avaient aussi été invitées via Instagram #charo). Ce vendredi-là, je me suis dit deux choses : "Lauréna, qu’est-ce que tu fous là ?" et "Meuf, l’année dernière, tu aurais été incapable de t’installer à table avec de parfaits inconnus, seule, sans aucune amie pour t’accompagner". C’est comme l’histoire du pipi, une petite anecdote pour inscrire dans ma tête que j’en suis capable. Pour ouvrir la porte du "pourquoi pas" et finir par y prendre goût.
Ce soir-là, j’ai découvert que j’étais capable de passer la soirée avec des inconnus, de dire des choses intéressantes, de ne pas être ridicule. Ce n’était pas si difficile en fin de compte, moins que ce que je pensais. Et sans le savoir, ça allait me permettre de faire la même chose, de nombreuses fois, en gardant en tête "en février, j'ai réussi, alors pourquoi pas cette fois".
Mais cette année, ça a surtout été celle des décisions que l’on prend pour soi et qui ont un effet boule de neige. En six mois, j’ai été tiré au sort pour partir vivre et travailler dans un autre pays, j’ai décidé de le faire, je suis partie en voyage seule, j’ai démissionné et dans quelques semaines, je mettrai deux ans et demi de ma vie dans des cartons.
Qu’est-ce que je retiens de ça ? Punaise, qu’est-ce que c’est fatiguant. Dans cette vidéo de 55 secondes sur Instagram, on se dit que c’était génial. Depuis plusieurs jours, je vois des stories et des publications, de ceux qui ont réussi leur challenge de sport, ont lu une centaine de livres, ont vu tous les films qu’il faut voir, se sont mariés, ont eu des enfants… Tout ce qui a été réalisé ces 365 derniers jours. En fin de compte, je crois que la quantité d’exploits accomplis dans une année ne compte pas. Elle est là pour booster les égos, pour cocher les cases d’une liste imaginaire, d’une liste qui rend bien. La vraie question, celle que l’on devrait tous se poser à l’approche de la nouvelle année, c'est : comment on se sent ? Après ces douze mois, dans quel état on s’apprête à ouvrir le nouvel agenda, à changer de calendrier ?
Moi, je me sens fatiguée. 2022, c'était une année incroyablement riche. Je me revois sur ces plages de Bali, danser un peu partout, rire beaucoup, être très heureuse. Mais à côté de ça, j’ai aussi eu beaucoup d’anxiété, car vivre seule, prendre ses propres décisions, ce n’est pas toujours évident. J’ai beaucoup questionné mon rapport aux autres, essayé de comprendre pourquoi malgré tous mes efforts, ce sentiment d’avoir besoin de quelqu’un dans ma vie persiste. J’ai ressenti du stress plus que de raison à cause du travail et je gère toujours mes émotions d’une façon bancale. Il y a les belles images que l’on publie sur Instagram, celles qui font s’exclamer "oh wow ta vie a l’air géniale" et il y a tout le reste derrière. Oui, cette vie est géniale, mais avec ses nuances, sa grisaille de temps en temps et ses points de suspension qu’il reste à régler.
Alors pour 2023, je crois que j’ai envie de prendre du temps. Pour de vrai cette fois. Ne peut-être pas enchaîner un festival, une soirée et un concert en dormant 5h seulement. Ne plus courir après les personnes qui, finalement, ne se rendent pas vraiment disponibles pour moi. Continuer de marcher pour m’apaiser, que ce soit le long des quais à Paris, au bord de la plage, ou vers le fleuve Saint-Laurent qui, j’espère, me plaira. Prendre le temps de lire dans mon canapé, d’aller au cinéma même si seule, je n’y arrive pas, d’écouter des podcasts en buvant un café dans un parc. Appuyer sur pause et calmer mon hyperactivité, ma soif de tout voir tout vivre, accepter, qu’on ne peut pas être partout, que ce n’est pas grave, de rater des événements, des personnes, des instants. Parce qu’il y en aura toujours d’autres, à vivre, à prendre en photos, à se remémorer.
Il y a quelques semaines, j'ai noté pour moi-même une liste non exhaustive de choses à ne pas oublier, que j'ai appris ou réappris cette année. Pour 2023, je pense qu’elle peut aussi t’être utile :
Quand quelqu’un te propose quelque chose, c'est qu’il a envie que tu sois là.
Si tu ne dis pas ce que tu penses, la personne en face ne peut pas le deviner.
Tes amis sont tes amis pour des raisons, dis-leur comment tu te sens.
Si quelque chose te blesse, dis-le, même si ça te semble ridicule. Tes émotions t’appartiennent et personne ne peut te les enlever.
C’est ok de préférer rentrer plutôt que de passer une soirée moyenne.
Tu as ta place. N’aie pas peur d’être toi, de dire ce que tu penses, d’agir comme tu en as envie. Tu as ta place, prends là. Ne t’efface pas. Ne t’efface pas par peur d’être en trop, par peur de gêner.
Si une relation ne te convient pas, ne l’accepte pas simplement parce que c’est une relation. Tu mérites ce qu’il y a de mieux.
C’est ok de se sentir seul, mais garde les yeux ouverts et ne perds pas de vue ceux qui sont là.
Pour 2023, je te souhaite d’aller bien. Ici ou ailleurs. De t’entourer de personne qui te font rayonner, qui te font te sentir en confiance. D’écouter ton instinct, de suivre tes envies et de prendre du temps pour toi.
Bonne année !
Bisous,
Lauréna
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