ou la conclusion à cet incroyable voyage.
Juste ici, tu peux retrouver :
Bali épisode 2 : Carrie Bradshaw, la colonie de vacances et le surf
Bali épisode 3 : les plages désertes, les scooters et la solitude
J’écris ces mots depuis mon canapé parisien, je viens de boire mon traditionnel café, sous mon plaid, en écoutant de la musique douce, et je me dis qu’il serait peut-être temps de clôturer mes aventures balinaises. Je suis rentrée un dimanche à 14 h et depuis, la vie a repris son rythme infernal : sortir beaucoup, manger mal, stresser abondamment. La fatigue ou le jet-lag, m’a terrassé et je me suis sincèrement demandée, chaque jour, pourquoi j’étais rentrée (spoiler alert : les obligations d’adulte).
J’ai donc passé les précédents jours à raconter mes aventures. J’ai croisé des connaissances qui m’ont annoncé avoir adoré mes stories Instagram, certains m’ont félicité d’avoir vécu ça seule et d’autres m’ont informé que je les avais inspirées, elles avaient envie de partir seule. Et ça, ça me fait chaud au cœur.
Initialement, j’avais commencé à rédiger un épisode 4 sur ma troisième destination qui était Amed. C’était un texte dans lequel je me questionnais sur ma façon de voyager et sur mon rapport au tourisme. C’est quoi “un bon voyageur” ? Est-ce réellement grave d’aimer les lieux instagrammables ? Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne si je préfère m’aventurer du côté des restaurants touristiques plutôt que des traditionnels ?
A Amed, j’ai principalement rencontré des tortues. Ok ok, pas seulement. J’ai adoré ce petit village de pêcheurs, j’ai adoré avoir choisi une guest house qui donne sur la plage et pouvoir boire mon café face à cette mer d’un calme absolu. J’ai aussi été très heureuse de retrouver Aurélia et ses deux acolytes. Pour la petite histoire, j’ai rencontré Aurélia en novembre 2021, durant une retraite de yoga en Bretagne. On était loin de se douter, qu’un an plus tard, on siroterait une pina colada sur une plage balinaise. En fin de compte, c’est toute la beauté des rencontres. On croise les chemins d’individu, sans s’imaginer ce que la vie, le hasard ou peut-être le destin, nous réserve.
Durant mes trois jours à Amed, j’ai fait du snorkelling et mon baptême de plongée (et j’ai nagé avec des tortues). Après mon baptême, j’ai déjeuné avec une Française, rencontrée à l’arrière du camion qui nous amenait sur la plage où on allait jouer dans l’eau. J’aime bien croiser la route de Français, ça permet à mon cerveau de souffler un peu. On s’est donc installé dans un petit resto à côté du centre de plongée, où on a dégusté un burger (tropical pour moi, avec de l’ananas et un chutney de mangue. Écoute je ne sais pas pourquoi, des fois l’aventure me fait faire des choix improbables). Notre conversation a tourné autour du tourisme, des lieux où il n’y a pas énormément de choses à faire, des locaux qui insistent pour nous conduire, des spots instagrammables… Suite à cela, j’ai repensé à mon déjeuner avec l’Anglais, à Nusa Penida. J’avais senti un petit jugement de sa part, quand je lui avais expliqué que je n’allais pas trop dans les Warung (les restos traditionnels) car j’avais peur d’être malade. J’ai beaucoup réfléchi à ça, à mon rapport au tourisme, aux lieux à voir, à Instagram. Et quand cette Française se plaint de tous ces endroits où il y a trop de touristes, de devoir constamment dépendre des locaux pour se faire conduire parce qu’on ne peut pas trop compter sur les bus, ça me donne envie de manger seule plutôt qu’avec quelqu’un.
A Amed, j’ai également longuement discuté avec Oka, le chauffeur qui m’a conduit du port jusqu’au village, puis du village jusqu’à Ubud. On a peut-être passé plus de 5 heures ensemble en trois jours, alors forcément, j’en ai appris plus sur lui. Il n’est pas beaucoup plus jeune que moi, il a 24 ans, il est chauffeur de taxi freelance. Je n’ai pas vraiment voulu lui dire, que moi aussi, bientôt, je serai freelance. Un peu gênée de ce privilège de quitter un CDI, là où il me racontait sa vie, si éloignée de la mienne. Naturellement, on a parlé du Covid. Je lui ai demandé comment ça s’était passé, pour lui. Il m’a relaté qu’avec l’absence de touristes qui visitent Bali, tout était très compliqué. Sa plus grande peur n’était pas d’attraper la maladie, mais de ne pas avoir de quoi se nourrir. Avec son anglais à lui, il m’a expliqué comment sans touriste, il n’avait pas pu travailler. Sans travail, il n’a logiquement pas d’argent, et sans argent, pas de nourriture. Moi, petite blanche privilégiée à l’arrière de ce taxi, je me suis un peu vue redescendre de mes étages. Eh oui Lauréna, la vie n’est pas la même pour tout le monde.
Alors quand notre Joséphine nationale, s’est plaint d’en avoir assez de se faire conduire par les locaux et que le petit James Anglais a trouvé à redire de tous les lieux touristiques, je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si on ne serait pas simplement des gros égocentriques : partir visiter une île à l’autre bout du monde, ne pas vouloir être au milieu de touristes (ce que nous sommes) et ne pas vouloir dépendre de ceux qui ont toujours vécu ici. Il faudrait peut-être remettre l’église au milieu du village.
Voilà ce qui m’a traversé l’esprit durant quelques jours. Ensuite, forcément, ça ne t’étonnera pas, j’ai pensé à : l’amour.
A Ubud, je n’ai pas réellement eut de connexions avec de nouveaux protagonistes. J’étais dans une auberge de jeunesse très lisse, avec une sublime piscine, une décoration en rotin… Et étonnamment, toutes les personnes à qui j’ai parlé, me semblait être le cliché de leur nationalité (peut-être le suis-je moi-même ?). Si le lieu était génial, le fait est que malgré quelques petits moments avec mes colocs de chambre, je n’ai pas réussi à rencontrer de véritables copains d’aventures. En voyage comme dans la vraie vie, ça ne matche pas toujours. J’ai cependant retrouvé de jolies rencontres faites à Uluwatu et, il y a quelque chose de magique, dans le fait de voir nos routes se recroiser. Tout sourire, on est heureux de se revoir et de se raconter nos péripéties respectives.
Yael m’a demandé si j’avais eut une histoire de love durant mon séjour. A mon retour, nombreuses de mes amies m’ont aussi posé la question. Après tout, j’écrivais sur cette même plateforme, durant l’été, que je voulais avoir un amour de vacances à Bali. J’ai blagué très souvent sur ma future rencontre avec un Australien. La question semble donc pertinente : est-ce que j’ai vécu mon amour de vacances à Bali, comme on l’imagine, à la Mange Prie Aime ?
Eh non, ce n’est pas arrivé.
Véritable cœur d’artichaut fan des comédies romantiques que je suis, j’ai été légèrement déçu. S’il y a bien un moment où vivre une histoire aussi courte que passionnelle, c’est lors d’un voyage à l’autre bout du monde. Et pourtant, peut-être pas. J’aurais pu rentrer avec ce Parisien du 18e, grand, blond, arrogant. Le combo parfait qui m’aurait fait fondre il y a quelques années, mais la thérapie m’a suffisamment couté cher pour savoir qu’il ne méritait pas une seconde de mon temps. Ensuite, ma route ne m’a pas vraiment mené dans des soirées, j’ai préféré vivre mon voyage entre sports, repos et longues heures sur la plage. Aucun sourire ne m’a donné envie de changer mon programme et c’est sans doute très bien ainsi.
En racontant cela à Yael, j’ai réalisé que j’avais grandi. Il y a une période où tout tournait un peu autour de la recherche d’un partenaire. Je me faisais belle pour aller dans une soirée, dans l’optique de rencontrer quelqu’un. Je pouvais aller ou non à un apéro, simplement si un crush y était. Je sortais en boîte de nuit avec l’envie de finir la soirée en embrassant quelqu’un et finalement, les hommes prenaient toute la place dans mon esprit. Et pour quoi ? Souvent des déceptions, de longues soirées à attendre un signe de vie et pour finir, un cœur brisé. Voilà un an que j’ai arrêté ma courte thérapie et je prends conscience encore aujourd’hui, du beau travail accompli.
Je n’ai pas eut de coup de cœur à Bali, ou du moins, je n’ai pas eut de coup de cœur pour un homme. Oublions l’amour amoureux, puisque après tout, ce n’est pas la seule façon d’aimer. J’ai apprécié toutes les rencontres que j’ai faites. Toutes ces femmes incroyables, seules ou non, qui ont marqué ma route. Des belles personnes avec qui j’ai pu partager un repas, parler toute la nuit de la vie et de l’amour une bière à la main, en regardant les étoiles. Suivre un cours de surf, faire une randonnée de nuit, de la plongée. Partager un cours de yoga et une pina colada. Une pizza, un spectacle, un coucher de soleil. Parler de nos vies, de nos projets, de ce qui nous a mené ici. Et se souhaiter le meilleur pour la suite. Comme dans ma vie de tous les jours, où je place mes relations amicales au cœur de tout, à l’autre bout du monde, à Bali, ceux sont mes relations avec les femmes que j’ai le plus chéries. Car à la fin de la journée, ceux sont toujours ces êtres qui m’auront fait me sentir bien. Ces sourires échangés, ces phrases sincères prononcées, ces gestes désintéressés. Les liens amicaux entre deux femmes marqueront toujours plus mon esprit, qu’un baiser à la nuit tombée avec un homme, qui sera très vite oublié.
J’ai regardé Mange Prie Aime dans l’avion retour. Quel retour de l’enfer, je voulais vraiment rester à Bali ! Pourtant j’avais annoncé à ma meilleure amie que j’étais heureuse de revenir, mais une fois à l’aéroport, mon gros sac posé sur le sol, j’ai réalisé que j’avais soif d’aventures. Si j’adore Paris, mon quotidien, mes habitudes ici, je me sens réellement prête à aller voir ailleurs si j’y suis. Aller voir ailleurs ce que la vie a à m’apporter.
En regardant Mange Prie Aime, j’ai un peu ricané des similitudes avec mon quotidien, ces derniers temps. J’ai passé les deux dernières années à répéter à qui voulait bien l’entendre que je ne voulais pas vivre de relation de couple, que j’étais bien seule et j’ai passé les deux dernières années à construire, briques après briques, ma stabilité émotionnelle. Apprendre à ne plus dépendre d’un homme, à ne pas tomber amoureuse du premier venu simplement parce qu’il s’intéresse à moi, aimer ma personne, avant d’aimer quelqu’un. M’écouter, écouter mes envies, les prendre en compte. Emprunter des chemins pour moi et non pour rencontrer quelqu’un. Et puis, être honnête sur mes émotions, sur mes envies, ne plus me cacher derrière celles des autres, en m’oubliant. M’aimer et ne pas vouloir me changer pour quelqu’un. Sacré boulot ! Et je crois que ça y est, j’aime suffisamment ma compagnie, ici comme sur une île déserte au milieu des palmiers, pour pouvoir peut-être, faire de la place à un quelqu’un. Peut-être que comme Julia Roberts à la fin du film, moi aussi, je suis prête à monter sur le bateau d’un Brésilien et voir ce que ça peut donner. Sans avoir peur de tomber, sans trop s’inquiéter de tout. Parce que ça aussi, c’est l’aventure.
En tout cas, ce n’est pas pour tout de suite, j’ai encore deux-trois choses à voir et à faire. Mais pour une fois, j’ai envie de laisser la porte ouverte. On verra bien qui la vie met sur mon chemin !
Bisous,
Lauréna
P.s : et si ce n’était pas suffisamment clair : pars en voyage tout.e seul.e, ça en vaut vraiment la peine.
Billet publié initialement le 10 ctobre 2022.
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